Des attentes différentes
Philip Carret, le fondateur de l’un des premiers fonds mutuels américains, Pioneer Fund, explique dans son ouvrage The Art of Speculation (1924) que les investisseurs se distinguent notamment par le motif de leur investissement. Ainsi, le statut d’investisseur doit être mis en lien avec les aspects économiques tandis que le statut de spéculateur doit être mis en lien avec le prix.
Tout dépend donc de vos attentes, et dans chacun des cas, le placement de votre argent sera différent
Les aspects économiques : la valeur de l’actif
Warren Buffet, le président de Berkshire Hathaway, pense, comme Philip Carret, que l’investisseur se caractérise par l’attente d’une appréciation de la valeur intrinsèque de l’actif lui-même. L’investisseur ne s’intéresse pas uniquement au prix mais semble avoir une vision élargie et approfondie de la valeur fondamentale de son investissement.
Le prix
Par opposition à l’investisseur, le spéculateur attend un rendement issu seulement de l’évolution du prix de l’actif. Philip Carret définit en effet la spéculation comme “l’achat ou la vente de titres ou matières premières dans l’attente d’un profit lié aux fluctuations de prix”.
L’horizon d’investissement
C’est l’élément le plus traditionnellement employé pour distinguer l’investissement de la spéculation. John Bogle (The Clask of the Cultures : Investment vs. Speculation) pense que l’investissement s’entend dans une optique de long terme tandis que la spéculation s’intègre dans un horizon de court terme. Cette approche vient compléter la définition de ces concepts sous l’angle des attentes de l’investisseur.
En effet, l’investissement est censé s’inscrire dans un horizon de temps long car ce dernier est nécessaire à l’augmentation de la valeur intrinsèque de l’actif. La spéculation, à l’inverse, s’inscrit dans un horizon de temps plus court dans la mesure où le prix évolue plus vite que la valeur intrinsèque de l’actif.
L’intervenant du marché qui possède une vision à moyen ou long terme peut investir, selon son attente de rendement et son degré d’aversion au risque dans des actions en direct ou des OPCVM en actions ou obligations par exemple.
La performance des titres ou des fonds peut être complétée par la perception de dividendes pour les actions ou de coupons pour les obligations.
L’intervenant du marché qui possède une vision à court voire très court terme privilégie la spéculation au travers de trading sur actions, sur les produits de Bourse ou sur les CFD et le forex.
Ces opérations visent à délivrer, moyennant ou non un effet de levier, une performance potentiellement plus rapide et plus forte.
Des pratiques nécessaires
Le marché nécessite ces deux pratiques – investissement et spéculation – pour s’assurer un fonctionnement efficace. Les investisseurs rendent service aux spéculateurs et réciproquement. En effet, si tous les intervenants appliquaient la même stratégie, il n’y aurait pas d’échanges donc pas de marché.